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Partita à six voix
exposition des lauréats 2008-2009
mercredi 17 février 2010, par
La démarche suivie pour concevoir cette exposition des six lauréates par l’une d’entre elles, porte-parole en quelque sorte.
Une exposition des lauréats, c’est une belle occasion offerte d’exposer un plus grand nombre de gravures que dans une exposition collective habituelle. En fait, c’est plus que cela ; c’est une aventure, une source de questionnements. On se retrouve avec des partenaires. Et, cela fait du bien. L’isolement, le silence de l’atelier sont nécessaires pour avancer dans son travail mais la rencontre d’autres graveurs est importante aussi. Pour construire une exposition commune à six, on éprouve le besoin de mieux connaître la démarche et l’univers des autres. On partage les ressentis du métier, la douceur des plaques, le velouté des papiers, les odeurs d’atelier. On partage les doutes, les variations de cheminement. On découvre que pour certaines les mots sont primordiaux que pour d’autres ils ne sont que légers accompagnements. On réfléchit à un accrochage qui présenterait six démarches, six univers différents et qui rendrait compte de la résonance de ces variations dans l’engagement commun en ce travail où le temps est autre. Vient l’envie d’élaborer un texte commun. L’éloignement de l’une d’entre nous de l’autre coté de l’Atlantique, incite à utiliser abondamment les mails, petites bulles d’air dans nos journées, nos nuits. Les mots abondants ou timides se complètent, rebondissent sur les écrans d’ordinateur. Les mots sont regardés avec soin autour des boissons d’un café parisien. En final une belle partition de ces mots, envoyée du Canada, devient tout à coup le miroir de ce que chacune tenait à exprimer.
Dans le silence de l’atelierle miroir des songesrythmé de voyages intérieursdessine l’ouverturetrouées de lumièrechamps d’ombrele graveuravec force et délicatessedu bout des doigtsgriffe, graphesa partitiondu creux des mainsau cœur des langesles six graveursinterprètent une symphonieen blanc et noiren gamme multicolore
Six variations en résonance.
Brigitte Kernaléguen... présente ses explorations au burin empreintes d’une poésie renouvelée où elle se joue encore du vent, des tempêtes pour nous émouvoir...
Claire Le Chatelier... nous emmène dans un jardin magnifique, scellent ses graines de vies dans les transparences de ses chines collés et nous partage des lumières infinies... un herbier imaginaire à hauteur des yeux. Les siens, les nôtres.
Véronique Laurent-Denieuil... fidèle à son long trajet en gravure nous présente l’être universel dans tous ses états, des chairs fragiles enveloppées d’une force inouïe, des regards distants, indifférents, perçants... mouvance, incertitude, être ou ne pas...
Isabelle Moutet... inscrit le temps, ses rythmes, trace la lenteur et nous invite à la méditation. Sa gravure au burin est patiemment composée trait après trait dans une recherche singulière d’écriture...
Juliette Mangenot... trouve qu’écrire est très difficile alors elle dessine, grave ses petites histoires, beaucoup d’histoires, des histoires en dentelles ou en barbelées qu’elle enferme dans des coffrets gris argent... voir pour écouter…
Denise Pelletier... Jusqu’ici, j’ai composé singulièrement autour de la fragilité, de l’intime, du féminin et du temps. Mon langage pictural repose sur la dualité de deux principes : l’un gestuel intuitif, l’autre formel de l’ordre d’un choix esthétique. Les œuvres ainsi réalisées ne sont pas des lieux de représentation, elles sont plutôt des espaces de réflexion, de création et de vertige. Avec le temps... Le voyage comme atelier, comme matériel, le dépaysement comme canalisateur d’énergie.
Je vous invite personnellement à venir nous découvrir.
Denise Pelletier